Collection and Analysis of Traditional Ecological Knowledge about a Population of Arctic Tundra Caribou
DOI :
https://doi.org/10.14430/arctic1087Mots-clés :
savoir inuit, méthodologie, fluctuations dans la population et écologie de la faune sauvage, caribou, Rangifer tarandus, île de Baffin, NunavutRésumé
Les peuples autochtones veulent voir leurs connaissances sur l'environnement utilisées dans la gestion de la faune sauvage. Pour ce faire, il va falloir que les organismes chargés de la gestion possèdent des résumés à l'échelle régionale du savoir autochtone sur les changements à long terme dans la distribution et l'abondance des populations fauniques et des facteurs écologiques influençant ces changements. Entre 1983 et 1994, on a mis au point une méthode de collecte du savoir inuit sur les changements survenus d'environ 1900 à 1994, changements qui ont affecté une population de caribous (Rangifer tarandus) dans la partie méridionale de l'île de Baffin. Des conseils donnés par les Inuit nous ont permis de recueillir et d'interpréter leur savoir oral selon des modalités pertinentes au plan culturel. Les Associations des chasseurs et des trappeurs (ACT) locales et d'autres Inuit ont indiqué des répondants potentiels, de façon à maximiser l'envergure spatiale et temporelle de l'étude. Lors du dernier protocole d'interview, chaque répondant a 1) établi sa carte biographique et sa ligne de temps, 2) décrit les changements dans la distribution et la densité du caribou au cours de sa vie, 3) discuté des facteurs écologiques qui auraient pu causer des changements dans les populations de caribous. Les observations sur la distribution et l'abondance du caribou émises par les répondants eux-mêmes ou leurs parents étaient à la fois fiables et précises. Les Inuit qui avaient chassé le caribou en des temps de pénurie offraient plus d'information que les chasseurs qui avaient surtout chassé le phoque annelé (Phoca hispida); les chasseurs de phoque n'en donnaient pas moins des renseignements sur des régions côtières où la densité du caribou ne pouvait satisfaire les besoins des chasseurs de cet animal. La formulation de nos questions a influencé la fiabilité des réponses des personnes interrogées; les questions suggestives en particulier posaient des problèmes. Après avoir analysé la formulation des questions ainsi que des réponses, à partir d'une traduction des transcriptions, on a seulement retenu l'information jugée fiable. Cette analyse peut avoir exclu des renseignements fiables car les répondants avaient tendance à sous-estimer l'exactitude de leurs souvenirs. On a essayé de préserver l'exactitude et la précision inhérentes à la tradition orale inuit; des comparaisons d'informations venant de plusieurs répondants ainsi que des comparaisons avec des rapports publiés ou archivés indiquent que ces qualités du savoir inuit ont été préservées dans l'étude.