Reevaluating the Co-management Success Story
DOI :
https://doi.org/10.14430/arctic634Mots-clés :
savoir écologique traditionnel, cogestion, espace, temps, confiance, pouvoir, mouflon de Dall, faune, Premières nations, YukonRésumé
L'intégration de la science et du savoir écologique traditionnel (SET), une pierre angulaire de la cogestion pratiquée de nos jours, nécessite que soit traduit le vécu des gens des Premières nations sous des formes compatibles avec la gestion gouvernementale de la faune (p. ex., chiffres et lignes sur les cartes), avec les risques de distorsion inhérents à toute opération traduisante. Mais même après une telle traduction, l'intégration du savoir reste truffée de difficultés, dont un grand nombre semble être de prime abord d'ordre technique ou méthodologique. Curieusement, malgré ces difficultés, la documentation regorge de témoignages de cogestion réussie. Je réclame une analyse plus critique et plus nuancée de la cogestion, une analyse qui tienne compte de différents points de vue et remette en question ce que l'on entend tout d'abord par «réussite». À cette fin, j'examine le cas du Comité directeur du mouflon de Ruby Range (RRSSC), organisme de cogestion situé dans le sud-ouest du Yukon et qui est cité par certains comme un modèle de réussite. Au cours d'une durée de trois ans, les membres du RRSSC ont collecté de l'information sur le mouflon de Dall (Ovis dalli dalli) auprès de sources multiples et ils sont parvenus à l'exprimer entièrement sous des formes compatibles avec la gestion scientifique de la faune. Pourtant, même là - à une exception près -, les membres du RRSSC ne sont pas arrivés à intégrer leur savoir sur le mouflon. Bien qu'il y ait eu de nombreux obstacles techniques et méthodologiques à l'intégration du savoir, les raisons sous-jacentes à cet échec étaient en fin de compte politiques. Pour comprendre et évaluer la cogestion, il est donc essentiel de se concentrer sur les dimensions politiques de l'intégration du savoir.